La praxis philosophique et l’avenir de la psychothérapie
Résumé
Les notions de « philosophie » et « d'école » ne sont pas compatibles. La philosophie est toujours pensée individuelle et non obédience à une orientation. Ses méthodes ne sont par ailleurs pas immuables puisqu'elle ne « se sert » pas de méthodes mais, le cas échéant, travaille à les « élaborer ». Les philosophes mènent une réflexion sur la pensée méthodique en vue de cerner les points où celle-ci comporte des déficits.Pendant l'Antiquité, la philosophie avait avant tout une orientation pratique, elle servait à guider l'existence. Le principe de base était que cette dernière ne peut réussir que si elle est « gérée » de manière convenable. On pensait aussi que l'être humain a la capacité de maîtriser sa propre vie en utilisant ses ressources personnelles - ce qui correspond à une image de l'homme autonome. Alors que dans l'Antiquité il s'agissait de réussir sa vie, au Moyen Age il fallait, guidé par un prêtre, sauver son âme (la figure de proue de cette tendance fut Saint Augustin) : l'image de l'homme devient essentiellement celle d'un être humble. Il ne peut rien faire seul, il doit être sauvé par la grâce d'un Rédempteur.
Or, en même temps cette image implique une haute considération de l'homme puisque (en principe) il se considère comme digne d'atteindre le Paradis. Il est un enfant de Dieu et se trouve en contact direct avec le Créateur.
A l'époque moderne - introduite de manière exemplaire par Rousseau - l'être humain découvre qu'il est déterminé par d'autres. Les pédagogues et plus tard les psychothérapeutes vont tenter de lui faire découvrir cette perversion pour lui permettre de retrouver son autonomie perdue. On considère maintenant que l'homme serait bon s'il n'était pas soumis contre son propre gré à des influences négatives. Ses rapports avec lui-même deviennent théoriques. Deux aspects se conjuguent pour faire considérer l'homme comme une victime ayant besoin d'aide : sa curiosité envers lui-même et son propre rabaissement.
Par contre, Goethe et Nietzsche font un pas vers un avenir qui existe déjà sous la forme de la praxis philosophique et qui servira de base aux visées de la psychothérapie : notre « vrai Soi » n'est pas caché en nous, il est situé à un niveau plus global. Se trouver signifie naître au monde - ceci correspond à la mission actuelle de la praxis philosophique et à celle dont devront se charger à l'avenir les psychothérapeutes.
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Publiée
2006-07-01
Comment citer
Achenbach, G. B. (2006). La praxis philosophique et l’avenir de la psychothérapie. Science psychothérapeutique, (3), 131–135. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/316
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