Qu’attendre à l’avenir de la psychothérapie?

Auteurs

  • Jochen Eckert

Résumé

A quoi ressemblera la psychothérapie du futur ? Va-t-elle encore exister sous sa forme et diversité actuelles ? En l'an 2000, des représentants connus des différentes orientations psychothérapeutiques ont mené une réflexion sur l'évolution future de leur approche.

Concernant l'hypnothérapie, Bongartz (2001) constata que sa pratique s'était développée mais qu'il n'existait pas encore de théorie générale de l'hypnose permettant d'expliquer l'efficacité de cette dernière. Il faudra donc que ce manque de théorie soit comblé.

Kachele et al. (2001) sont parvenus au bilan suivant concernant la psychanalyse : il avait fallu renoncer à toute une série d'hypothèses théoriques, par exemple la théorie des pulsions, mais par ailleurs les formes de traitements avaient été nettement élargies, dans le sens où l'on avait élaboré des formes de thérapie de brève durée et de thérapie de groupe. Plus d'attention que par le passé avait été portée et devra continuer à l'être - à la question de l'efficacité des thérapies psychanalytiques. Il faudra en particulier faire la preuve de l'efficacité de cette approche par rapport à des groupes spécifiques de troubles et aux thérapies de longue durée.

En ce qui concerne la thérapie du comportement, Reinecker

(2001)    constatait qu'elle s'est développée extrêmement rapidement et qu'elle est beaucoup plus utilisée, en particulier depuis le « tournant cognitif ». Le nombre des méthodes d'intervention évaluées a augmenté très rapidement, mais on a aussi bien mieux fondé les interventions sur le plan théorique : les modèles explicatifs de type théorie de l'apprentissage se sont souvent avérés insuffisants. Il s'agit maintenant d'élaborer des modèles permettant de mieux expliquer les effets de la thérapie du comportement que ne le faisaient les théories de l'apprentissage.

Eckert (2001) rappelle que la psychothérapie par entretiens n'est plus seulement de type classique et qu'elle inclut de nouvelles procédures, comme l'approche fondée sur l'axe processus-vécu. Ici encore on n'observe pas de tendance à l'établissement d'une théorie unifiée. Par contre il faut espérer que soient fournies des preuves empiriques de l'efficacité de la méthode par rapport à des troubles spécifiques.

A un niveau global, les auteurs expriment le regret qu'il n'existe aucune règle fondée permettant de poser des indications différenciées quant aux traitements psychothérapeutiques.

En résumé, je constate que concernant la plupart des orientations psychothérapeutiques, on enregistre une tendance au développement ; il existe d'autre part au sein de chacune d'elle des nuances et spécialisations qui ont accompagné une différenciation continue de la théorie.

Les études sur la psychothérapie ont permis de confirmer que ce que l'on a appelé les « facteurs globaux d'efficacité » (Frank 1985) influent beaucoup sur le succès des traitements. C'est la relation ou alliance thérapeutique qui joue le rôle le plus important à ce niveau.

Mentionnons enfin Klaus Grawe et sa « psychologie générale » (Grawe 1995) dans laquelle il avait tenté de dépasser les différentes orientations et donc leurs désavantages. Plus tard, Grawe (2004) a poursuivi sa démarche en élaborant une « neuropsychothérapie ».

Il est tout à fait possible que les énormes progrès accomplis au niveau de la recherche sur le cerveau rendent la psychothérapie superflue : le vécu et le comportement seront alors influencés directement - et de manière beaucoup plus ciblée et durable, avec par exemple des médicaments -, sans qu'il soit nécessaire de passer par la psyché.

Ajoutons enfin que d'autres alternatives à la psychothérapie existent, les consultations philosophiques par exemple. Compte tenu de la grande diversité des tendances enregistrées au niveau de la gestion des problèmes et troubles psychiques, je suis d'avis qu'il n'est pas possible de prédire l'avenir de la psychothérapie -il faudra attendre de voir ce qui se passera.

Biographie de l'auteur

Jochen Eckert

Dipl.-Psych. Dr. Jochen Eckert, ord. Univ.-Prof. für Klinische Psychologie und Psychotherapie. Leiter des Arbeitsbereichs Gesprächspsychotherapie am Fachbereich Psychologie der Universität Hamburg und geschäftsführender Direktor des Instituts für Psychotherapie der Universität Hamburg. Forschungsschwerpunkte: Psychotherapieforschung, Persönlichkeitsstörungen, insbesondere Borderline-Persönlichkeits-störungen. Gesprächspsychotherapie.

Korrespondenz: Institut für Psychotherapie, Universität Hamburg, Von-Melle-Park 5, 20146 Hamburg, Deutschland

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Publiée

2006-07-01

Comment citer

Eckert, J. (2006). Qu’attendre à l’avenir de la psychothérapie?. Science psychothérapeutique, (3), 125–130. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/315