Comment les Allemands perçoivent la crise économique

Auteurs

  • Stefanie Badhofer

Résumé

Nous vivons depuis un an et demi dans l’ombre de la plus grande crise économique depuis les années 1930. Au moment où l’effondrement du système financier a débuté, pour s’accélérer ensuite durant l’année 2007, les Allemands n’ont, en majorité, pas envisagé qu’il pouvait représenter une menace pour l’économie de leur pays ; ils ont continué à considérer celle-ci comme saine. Ce ne fut que durant l’été 2008 qu’ils changèrent d’avis et dès l’automne, une atmosphère morne se répandit. À la fin 2008, ils ne pensaient plus que la conjoncture pourrait s’améliorer rapidement, bien au contraire. Les avis pessimistes concernant l’économie subsistèrent en 2009 : on ne cessa de parler d’une situation négative. Il reste pourtant que, depuis l’été 2009, une majorité relative de la population considère que la conjoncture va s’améliorer dans un délai d’un an. Au moment de l’élection du Parlement, en 2009, les Allemands se projetaient avec espoir dans le futur de l’économie.

La grande majorité de la population n’a pas été touchée par la crise : en novembre dernier, les deux tiers des personnes disaient n’avoir pas subi jusqu’alors de problèmes dus à la crise financière et économique. Par contre, en ce qui concerne les perspectives d’avenir, l’humeur est actuellement au pessimisme. En novembre 2009, 55 pour-cent des personnes interrogées disaient se faire du souci pour leur avenir personnel. Elles faisaient alors référence à deux aspects touchés par la crise : d’une part, elles avaient peur de perdre leur emploi, d’autre part elles n’étaient plus certaines que leurs économies ne risquaient rien.

Alors que le premier programme lancé par le gouvernement fédéral pour améliorer la conjoncture avait été considéré comme un pas dans la bonne direction, il n’y a plus qu’un citoyen sur trois pour évaluer de la même manière le programme II. La liste de mesures proposées par le gouvernement inclut un soutien financier et des garanties d’État offertes aux entreprises privées. Le cas du constructeur automobile Opel n’a pas fait l’unanimité : à peine la moitié de la population fut d’avis qu’il fallait que l’État lui apporte un soutien, les autres pensant qu’il ferait mieux de ne pas intervenir. Par contre, lorsqu’il s’est agi de la chaîne de grands magasins Karstadt et du fabricant de pièces automobiles Shaeffler-Continental, l’opinion publique fut clairement d’avis que l’État n’avait pas à contribuer au maintien d’entreprises spécifiques, même si celles-ci devaient faire face à une situation financière très difficile. Par contre, les Allemands pensent autrement lorsqu’il s’agit des banques. Ici, une majorité de la population est favorable à une intervention du gouvernement, que ce soit par le biais d’une participation ou par celui d’une étatisation.

Les Allemands ont admis que le gouvernement fédéral gérait la crise avec beaucoup de détermination. Mais à mesure que celle-ci évoluait, ils ne surent plus bien quelle stratégie il adoptait. Il reste qu’ils accordent une confiance considérable aux capacités de la coalition et d’un gouvernement noir-jaune à gérer les domaines économiques et financiers. Comparé à ce qui s’est passé dans d’autres pays, comme la France et l’Espagne, les Allemands font plus confiance à leurs décideurs politiques.

Compte tenu du fait que les problèmes économiques étaient très importants, ils ne pouvaient qu’influer sur le comportement des électeurs durant l’année 2009 (année électorale et élection des membres du Parlement). La crise économique a incité la population à favoriser d’autres partis et cela a contribué en bonne partie à la victoire de la CDU/CSU et du FDP. Pour les électeurs, les choix personnels se sont fait en fonction de l’économie : les conditions cadres qui règnent actuellement sont favorables à la CDU/CSU puisqu’elle est traditionnellement considérée comme compétente dans le domaine économique. L’Union a finalement réussi à limiter ses pertes au niveau du nombre de sièges au Parlement - contrairement au SPD qui est perçu comme un parti qui n’est pas apte à gérer l’économie et la crise. Parmi les plus petits partis, le FDP a gagné du terrain dans la mesure où on lui fait confiance dans ces domaines. La gauche n’a presque pas profité de la crise économique, dans la mesure où on pense d’elle qu’elle n’est pas là pour gérer les problèmes, mais pour les articuler.

Les citoyens allemands évaluent la conjoncture de manière réaliste et avec le sérieux requis, sans tomber dans le désespoir ou l’hystérie. Cette attitude est motivée par le fait que le gouvernement fédéral a pris des mesures bien réfléchies.

Biographie de l'auteur

Stefanie Badhofer

Stefanie Badhofer, M.A., ist Projektleiterin bei Infratest dimap, Gesellschaft für Trend-und Wahlforschung mbH, Berlin, und dort in der Wahlforschung tätig. Sie hat Politikwissenschaft an der Universität Freiburg studiert und ist 28 Jahre alt.

Korrespondenz: Infratest dimap, Gesellschaft für Trend- und Wahlforschung mbH, Moosdorfstraße 7-9, 12435 Berlin, Deutschland

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Publiée

2010-01-01

Comment citer

Badhofer, S. (2010). Comment les Allemands perçoivent la crise économique. Science psychothérapeutique, (1), 8–16. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/26