Relation de soin et philosophie dualiste de l’esprit

Gianfranco Basti

Psychotherapie-Wissenschaft 10 (1) 50 2020

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CC BY-NC-ND

https://doi.org/10.30820/1664-9583-2020-1-50



Mots clés : mathématiques, physique quantique, neurosciences, sciences cognitives, intentionnalité, réalité, intersubjectivité, liberté, personne, soin, relation thérapeutique

Cet article définit les principes de la relation de soin fondée sur une anthropologie dualiste capable de proposer un fondement rigoureux à l’intersubjectivité et à la liberté de la personne humaine. Ces principes découlent des développements les plus récents dans le domaine mathématique, physique quantique et cybernétique (science de l’information).

L’anthropologie dualiste est typique de l’approche intentionnelle des sciences cognitives, commune à la tradition scolaire et phénoménologique, qui marque un changement de paradigme. Cette approche est basée sur le principe selon lequel l’ego n’est pas objectivable au moi et donc sur le principe selon lequel la relation de soin consiste dernièrement à redonner à l’ego son dynamisme, en évitant qu’il se fixe sur des images toujours inadéquates du moi, induites par l’environnement ou par l’individu lui-même, et en le ramenant ainsi à une relation constructive avec la réalité.

L’article décrit en effet succinctement les découvertes les plus récentes dans le domaine des mathématiques et de la physique quantique ainsi que leurs retombées dans le domaine neuroscientifique : à partir des bosons Nambu-Goldstone, on démontre comment le cerveau est spécialisé dans l’adaptation dynamique à la complexité de la réalité objective et intersubjective.

On propose donc également une fondation physique et mathématique de l’anthropologie dualiste, basée sur la distinction énergie-information, qui définit le vivant et l’homme en particulier comme un système « ouvert » constamment en échange réciproque d’énergie et d’information avec l’environnement physique et interhumain. Ainsi, l’esprit et ses fonctions supérieures (intellect et volonté) sont placés non pas « dans » le cerveau, mais dans l’interface cybernétique du cerveau avec son environnement, en donnant à la notion de « personne » en tant qu’individu ouvert à la relation intersubjective, un fondement qui – contre la schizophrénie moderne des dualismes entre « matière » et « esprit », « corps » et « esprit », « physique » et « métaphysique », « science » et « humanisme » – est capable d’englober dans une synthèse harmonieuse le meilleur de la science moderne avec le noyau des grandes traditions métaphysiques, au-delà des distinctions successives des croyances et des cultures.

De cette façon, la pleine dignité et la liberté de la personne humaine sont garanties, et aucune interruption absurde de la chaîne causale physique n’est donc nécessaire, mais – pour justifier le libre arbitre – on exige plutôt qu’un corps vivant soit une cause sui dans l’autodétermination complète de son comportement, étant un « système ouvert du point de vue énergétique et informatique », grâce à une causalité physique non arbitrairement et absurdement réduite à sa dimension matérielle, comme c’était le cas au début de la physique moderne.

Tout cela a évidemment des répercussions importantes sur la compréhension des processus pathogènes et salutogènes qui affectent la relation de soin (relation thérapeutique) en général et la psychothérapie en particulier.

L’auteur

Gianfranco Basti, professeur de Philosophie de la Nature et de la Science et Doyen de la Faculté de Philosophie à l’Université Pontificale du Latran. Depuis plus de trente ans, il est chercheur dans le domaine de l’intelligence informatique (réseaux neuraux) et des sciences cognitives.

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E-mail : basti@pul.it