Article inédit - Synthèse
Xenia Petry
De la validité des connaissances en recherche sur la psychothérapie
S'interroger sur la validité des connaissances d'une discipline scientifique passe nécessairement par l'examen de la validité scientifique de la discipline elle-même.
Les débats et discussions qui agitent actuellement la communauté scientifique à propos de l'objet de la «psychothérapie» (situation en février 2014) concerne notamment les aspects suivants: l’association allemande des sociétés scientifiques et médicales (AWMF), dans ses directives, définit surtout des critères diagnostiques et des grandes lignes thérapeutiques pour poser une indication et organiser un traitement en fonction des troubles relevant des soins médicaux, y compris psychiatriques et psychothérapeutiques. La politique sanitaire met l'accent sur l'assurance-qualité, la gestion de la qualité, la prévention et la rééducation, d'une part, pour prévenir les pathologies, d'autre part, pour accélérer la guérison et le retour au travail (cf. caisse professionnelle allemande des services sanitaires et aides sociales – BGW; union fédérale des médecins conventionnés de Rhénanie-du-Nord – KVNO). L'offre de services concrète, ainsi que les conditions de formation postgrade et de pratique pour les psychothérapeutes en tant que spécialistes sont essentiellement abordées dans les diverses chambres et associations professionnelles de psychothérapeutes (cf. la chambre fédérale allemande des psychothérapeutes – BPtK; la chambre des psychothérapeutes de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie – NRW; la société allemande de psychanalyse, psychothérapie, psychosomatique et psychologie des profondeurs – DGPT; l'association allemande des psychothérapeutes – DPtV). Ce dernier point peut certainement être interprété en réaction à la question du coût des services psychothérapeutiques et de la limitation qui en découle pour la profession de psychothérapeute. La discussion porte également expressément sur la «psychothérapie en pratique» et s'attache, entre autres, à comprendre les troubles spécifiques – y compris les interventions spécifiques à un trouble (cf. Barwinski Fäh, 2005; Bering, 2011) – à effectuer de la recherche psychothérapeutique basée sur des preuves et à définir des facteurs ayant un effet spécifique en psychothérapie (Horowitz, 1986; Jacobi & Kosfelder, 2000; Shedler, 2010), ce qui s'inscrit dans un contexte où il s'agit d'apporter la preuve de l'efficacité, approche adoptée par diverses écoles thérapeutiques (cf. Grawe et al., 1994; Shedler, 2010).
Les aspects susmentionnés sont importants pour la science psychothérapeutique et il est indispensable d'en discuter, mais il est tout d'abord existentiel pour la « recherche en psychothérapie » d'approcher cet objet concret en partant d'une base scientifique. D'après l'auteure, les critères de validité et de qualité de la recherche en psychothérapie sont absents des points évoqués dans les discussions et dans les progrès réalisés en matière de connaissances. En fait, les connaissances tirées de la recherche en psychothérapie, par exemple sur la qualité des psychothérapies, sont nulles et sans effet pour la science psychothérapeutique si elles ne reposent pas sur des fondements s'illustrant par leur qualité. En d'autres mots plus simples : la qualité des recherches est le fondement même de l'évaluation de la qualité des connaissances. Le présent travail doit définir et établir ces fondements en matière de recherche en psychothérapie.
Ainsi les connaissances dans une discipline scientifique, en l'occurrence en science psychothérapeutique, ne sont valides, c'est-à-dire n'acquièrent une validité scientifique et une pertinence dans le domaine considéré, que lorsque les travaux de recherche respectent certains critères de qualité qui peuvent être développés et justifiés dans les présents travaux. L'auteure considère la logique de la psychothérapie selon Fischer (2007, 2008), ainsi que l'interprétation de la science psychothérapeutique en tant que discipline scientifique à part entière comme incontournables. Tout d'abord pour définir la validité scientifique, deuxièmement pour consolider la place de la science psychothérapeutique comme domaine d'étude, troisièmement pour attribuer à ce domaine des critères de validité scientifique afin d'étayer la qualité des connaissances acquises en matière de recherche psychothérapeutique dans le domaine de la « psychothérapie ».
Il faut donc, en premier lieu, percevoir le champ de la « psychologie » dans son sens scientifique théorique avant de pouvoir définir des critères d'évaluation des connaissances en recherche sur la psychothérapie qui conviennent à ce champ d'investigation. Le présent article justifie les critères généraux applicables à une science pour qu’à partir de cette base, on puisse définir des critères de qualité en matière de recherche en psychothérapie et même des critères de validité pour la science psychothérapeutique allant au-delà de la compréhension et de la nécessité d'une recherche qualitative en psychothérapie.