Article inédit (Synthèse)
Judith Holler
Coordination du comportement, de la mimique et de la gestuelle accompagnant l’interaction
Dans cet article, nous résumons les résultats acquis par la recherche sur la coordination du comportement (verbal et non-verbal). La coordination de la communication entre individus vise avant tout à synchroniser les mouvements de la bouche et ceux de l’ensemble du corps, expressions du visage et posture comprises. Une bonne partie de la recherche dans ce domaine s’est concentrée sur le comportement non-verbal. Concernant le processus psychothérapeutique, ce sont donc les aspects suivants qui sont impliqués : coordination des mouvements dans le temps, leur forme, imitation de comportements non-verbaux, etc. Ce sont la synchronisation et l’imitation de comportements non-verbaux qui remplissent une fonction tout particulièrement importante, dans le sens où elles servent à exprimer la proximité sociale, l’attachement et l’affiliation. L’auteur présente une brève introduction au phénomène de la gestuelle accompagnant la parole.
Il s’agit d’un type particulier de communication non-verbale. Elle suit de près les éléments contenus dans la phrase. Il y a donc une étroite association entre ces deux aspects. Mais l’association du langage et de la gestuelle peut aussi avoir des aspects purement pragmatiques. On ne peut pas utiliser le terme de « non-verbal » pour désigner les gestes accompagnant le langage car il s’agit d’une forme particulière de communication non-verbale demeurant très proche du verbe. L’auteur décrit différentes formes, différents types et différentes fonctions de la gestuelle.
Elle mentionne des études empiriques qui se sont intéressées aux fonctions communicatives et interactives des gestes, pour ensuite analyser la coordination du comportement dans ses modalités gestuelles.
Elle analyse de manière différenciée le rôle joué par les gestes dans l’interaction, en tant qu’accompagnement du langage servant à la communication, mais aussi du point de vue de leur coordination.
L’article se réfère à une récente étude menée par l’auteur et sa collaboratrice sur la mimique et les fonctions qui lui sont associées au niveau de l’interaction. Dans la dernière partie du texte, il est question de la pertinence potentielle de ces résultats pour des études en cours et futures en rapport avec des contextes ‘sains’ et cliniques.
L’auteur met en évidence le fait qu’il est clairement utile de prendre en compte les gestes accompagnant la parole dans différents contextes, cliniques ou non. Dans tous les échanges visant à améliorer la santé, psychothérapie comprise, l’imitation de gestes joue un rôle essentiel dans le sens où elle semble contribuer de manière importante au partage d’une manière de saisir. En ce qui concerne en particulier la communication « d’expériences personnelles », les gestes pourraient remplir une fonction importante. Par « personnelles », nous entendons des expériences perceptives et émotionnelles auxquels l’interlocuteur n’a pas directement accès.
Les gestes accompagnant la parole permettent d’externaliser et de visualiser ces expériences dans l’espace gestique partagé par les interlocuteurs et peuvent donc les rendre plus aisément accessibles. Simultanément, la représentation gestique permet de partager une perception des expériences décrites, de les négocier et donc de les traiter.Il faut également partir du principe que l’imitation gestique ne sert pas seulement à comprendre, mais aussi à renforcer la relation sociale entre les interlocuteurs dans le sens où ceux-ci seront alors mieux disposés à coopérer de manière interactive.
En conclusion, l’auteur mentionne des travaux de recherche spécifiques s’intéressant à la gestuelle trouvée dans les cas de douleurs chroniques, aux symptômes somatiquement inexplicables, ainsi qu’à la communication gestuelle d’émotions. L’imitation gestique constitue le thème central de toutes ces études et projets.