Article inédit (Synthèse)
Sabine Trautmann-Voigt, Bernd Voigt
La psychothérapie axée sur le corps chez les patients borderline
Les résultats différenciés produits par la recherche fondamentale confirment qu’il est indispensable de prendre en compte le corps de manière réfléchie dans le cadre de la démarche thérapeutique (voir la recherche sur les nouveaux-nés, la recherche sur le cerveau, etc.). Le langage du corps peut alors être utilisé au niveau d’une communication thérapeutique plus fondée et plus large. La communication avec et par le corps peut être intégrée de manière constructive dans le traitement psychothérapeutique de toutes sortes de patients ; elle ne doit en aucun cas être considérée comme un outil primitif et comme une étape précédant la pensée symbolique et la capacité à s’exprimer verbalement, étape qu’il ne serait pas possible de dépasser et qui pourrait être négligée une fois que l’individu est capable de parler. En effet, les vécus corporels sont stockés dans la mémoire somatique et ils demeurent importants tout au long de la vie au niveau du relationnel et de la régulation des affects et du Soi.
L’enfant en bas âge apprend très vite quelles sont les « display rules », les règles d’expression, en assimilant des codes affectifs et moteurs. Lorsqu’un adulte fait des mouvements, il traduit lui ou elle aussi des émotions, des attitudes, des humeurs ou des impulsions en utilisant moment par moment des configurations de tension musculaire et des séries de mouvement structurées de manière rythmique et dynamique. Les schémas de mouvement utilisés par les patients borderline ou traumatisés sont souvent atteints de manière considérable. Les auteurs traitent en détail des problèmes spécifiques qui se posent alors aux psychothérapeutes utilisant le corps, décrivant la manière dont la thérapie doit être structurée, celle dont ils peuvent gérer les déficits structurels ainsi que des aspects psychodynamiques ; ils formulent également des indications et la manière dont il est possible d’influer sur des états somatiques.
Avec ce type de patients, l’objectif de la psychothérapie corporelle est de leur permettre de mettre en scène leur Soi, dans le sens où il sera dérivé d’exercices structurés de perception de soi et d’attention ; il s’agit de découvrir des aspects ludiques et conciliants, ainsi que des éléments leur permettant de se tranquilliser et de redécouvrir leur propre vitalité, ceci en établissant une relation avec leurs corps dans le présent de la séance thérapeutique. Les auteurs mentionnent six aspects centraux à la psychothérapie corporelle qui servent à fonder l’indication, l’offre et la structure du travail sur le corps et des exercices.Les différentes phases de la thérapie caractérisant le traitement des cas de borderline sont présentées sous l’angle de la psychothérapie corporelle. Ces phases sont : la stabilisation, l’externalisation et l’établissement d’un contact thérapeutique, l’expérimentation, la confrontation et des vécus corporels positifs – tous ces éléments permettent de restructurer au niveau cognitif les expériences qui étaient lourdes à porter.
Trois principes globaux régissant les interventions thérapeutiques sont cernées et différenciés. Les auteurs sont convaincus que chaque évolution dans le cadre d’une psychothérapie doit toujours être basée sur une évolution au niveau du corps. Les trois principes thérapeutiques sont :
Ce sont les patients qui nous enseignent toute méthode et ses variantes, psychothérapie corporelle incluse