Article inédit (thème principal) - Synthèse
Rolf Stecker
Les soins palliatifs psycho-oncologiques dans un centre hospitalier
Presqu’un tiers des patients souffrant d’un cancer à un stade avancé et un cinquième de ceux qui se trouvent en phase terminale (qui n’équivaut pas à la phase palliative, car celle-ci débute souvent beaucoup plus tôt) souffre de dépression. Par ailleurs, concernant le stade avancé presqu’un patient sur douze manifeste les symptômes d’un trouble anxieux au sens psychiatrique ; c’est également le cas pour un patient sur huit au stade terminal. La proportion des troubles de l’adaptation est encore plus importante puisqu’un patient sur trois déclare les symptômes y associés. Les proches des malades réagissent eux aussi par des symptômes devant être considérés comme psychiatriques. Il semble donc évident que toutes ces personnes ont besoin d’être prises en charge par des psychothérapeutes qualifiés.
Au cours des dernières années, le grand public est devenu plus conscient du besoin d’une offre faite aux patients en fin de vie. En 2007, de premières lignes directrices concernant l’offre ambulatoire de soins palliatifs ont été émises. Elles ont été révisées plusieurs fois et s’appliquent depuis le 25 juin 2010 dans leur dernière version (SAPV-RL, 2010). Leur fondement se trouve dans le §37b du SGB V (code pénal). Les principaux aspects mentionnés réglementent les soins à apporter à des patients souffrant d’une maladie grave et potentiellement mortelle, ceci dans leur environnement habituel, donc en setting ambulatoire.
Une étude menée par Temel et al. (2010) a provoqué beaucoup de réactions, dans la mesure où elle conseille d’appliquer les directives également dans un contexte hospitalier. Il semble nécessaire et utile – comme le montrent les résultats de cette étude – d’apporter l’amélioration indubitablement nécessaire de l’offre palliative ambulatoire en l’élargissant pour inclure une offre en milieu hospitalier. Dans le présent article, nous présentons l’offre palliative faite à des malades du cancer dans le cadre d’un centre hospitalier.
Les thérapies palliatives fournies dans le cadre d’une prise en charge de patients souffrant d’un cancer et de leurs proches constituent moins une technique qu’elles ne correspondent à une attitude spécifique. Elles sont offertes dans des conditions concrètes de travail. C’est pourquoi nous présentons d’abord un bref aperçu de ces dernières.
La psychothérapie pratiquée dans les hôpitaux diffère en partie notablement de celle qui est offerte dans les cabinets privés. Par exemple, le travail psycho-oncologique effectué dans un centre hospitalier a les caractéristiques suivantes :
- Le patient ne souffrait pas forcément d’un trouble psychique avant de tomber malade.
- De manière générale il est considéré comme soumis à des événements menaçants et à un stress certain.
- Les objectifs et les priorités de la thérapie sont différents, que ce soit pour les patients ou pour les soignants.
- La motivation des patients à faire appel à un soutien psychologique est relativement basse.
- Les patients ne savent pas avec certitude quel est le rôle du psychothérapeute et comment il travaille.
- Dans un hôpital, les séances de psychothérapie n’ont souvent pas lieu dans une pièce réservée aux consultations.
Les différentes définitions et paradigmes sont en constante évolution. L’exemple du terme « palliation » permet de bien mettre en évidence la manière dont les points de vue ont changé.
Le travail concret se base sur la situation que les patients souffrant d’une grave maladie vivent. Leur expérience est souvent marquée de pertes et de handicaps. Après des interventions médicales comme la chimio- ou la radiothérapie, leur corps de fonctionne plus comme avant ; il peut arriver qu’ils doivent vivre avec des orifices artificiels, ce qui les contraint à s’adapter constamment. Ce sont les différences dans les problèmes auxquels ils sont soumis qui définissent la manière dont la thérapie va approcher les malades du cancer dans un contexte palliatif. Nous mentionnons brièvement ci-dessous les principales approches, axées pour les unes sur les émotions, pour les autres sur l’attachement et finalement sur l’aspect traumatologique.
Dans la dernière partie de l’article, nous fournissons un aperçu du travail psycho-oncologique concret, incluant dans notre description tous les acteurs concernés : les patients, les proches et le personnel de la clinique. Ils souffrent souvent de problèmes similaires, sans que ceux-ci soient tout à fait identiques. Il faut appliquer des principes thérapeutiques différents selon le groupe auquel on s’adresse. Nous dépeignons les principaux domaines qui sont problématiques et dérivons de cette description des principes fondamentaux qui doivent être appliqués dans le cadre du travail concret.