Un essai ethnoanalytique
Ulrich Sollmann
Psychotherapie-Wissenschaft 8 (2) 29–30 2018
www.psychotherapie-wissenschaft.info
https://doi.org/10.30820/8243.04
Mots-clés : Psychothérapie corporelle, Chine, ethnologie, narration, modèle comportemental, communication transculturelle
En tant que membre de l’Académie sino-allemande de Psychothérapie (DCAP), l’auteur est engagé entre autres dans le domaine de la formation continue en psychothérapie en Chine. D’une part, il s’agit pour lui d’attirer l’attention d’une manière renforcée sur le corps dans le domaine de la psychologie/psychothérapie, d’autre part de communiquer et de faire connaitre des concepts concrets de cabinet utilisés dans la psychothérapie corporelle. Par conséquent, il est régulièrement six à sept semaines par an en Chine.
Présenter à des collègues en Chine les concepts de la psychothérapie corporelle constituait pour l’auteur également un processus ethnologique d’expérience. S’il a toutefois rapidement remarqué quelle était l’importance dans un tel projet de connaitre davantage les gens dans leurs espaces de vie particuliers et vivants, ils étaient extrêmement étrangers. Le travail avec des personnes dans une culture étrangère est possible d’autre part uniquement par le rapport à la culture et à la tradition. Cela est particulièrement le cas en Chine. Cela se manifeste soit implicitement, en tant que comportement vécu, identifiable sur le plan culturel ou cela est abordé directement par les personnes, surtout dans le contexte thérapeutique. C’est justement cette « promenade ethnologique », la participation pratique et vécue quotidiennement à la vie telle qu’elle se manifeste et se réalise au quotidien, qui lui permet de faire de (nouvelles) expériences, d’en tirer des interrogations qui mènent, associées à une compréhension préalable transculturelle, à la modification des concepts de travail qui sont efficaces et judicieux en Europe, mais qui ne sont pas applicables en 1:1 en Chine. Les concepts modifiés sur place et le retour et la résonance des participants encouragent d’une part une compréhension différentiée et transculturelle. Cela soulève d’autre part de nouvelles interrogations et perspectives importantes et naturellement aussi des failles. L’avantage d’une telle communication vécue transculturelle doit être interprété également au sens de la recherche-action. La vie vécue au quotidien (chinois), la pratique professionnelle en psychothérapie corporelle, ainsi que la recherche qui s’y réfère sont interdépendantes et sont le reflet d’un domaine de vie qui, pour l’auteur, laisse percevoir et détecter de plus en plus l’imbrication entre le personnel, le professionnel et le culturel (chinois).
La participation dans chaque domaine de vie se façonnait (aussi) comme une communication corps à corps. Ce qui implique l’utilisation par l’auteur d’un accès heuristique dans la mesure où il s’efforçait d’abord de générer un « savoir » via le processus du désapprentissage, conformément à une naïveté professionnelle, un savoir qui reposait surtout aussi sur la communication sensorielle, émotionnelle et transculturelle. Dans ce contexte, le processus était par principe ouvert. Une telle démarche implicite est à la fois une méthode, un concept et une posture fondamentale, on ne veut pas seulement comprendre les différences culturelles, mais également travailler avec des personnes de différentes origines culturelles (sur le plan thérapeutique).
Il y a la perspective interculturelle, multiculturelle et transculturelle. Par analogie à l’acquisition d’une langue étrangère, la première est comparée à l’apprentissage du vocabulaire, la deuxième à l’acquisition de la grammaire d’une langue. La perspective transculturelle est par analogie comparable à la communication linguistique vécue. Les rencontres transculturelles ainsi que la communication ont toujours pour effet une résonance émotionnelle et sensorielle, un écho culturel, face auquel on se sent souvent, justement au début, complètement sans défense, et l’auteur le décrit en détail. Cet écho porte les traits d’un contre-transfert, mais il est également un élément de l’accomplissement de vie transculturel concret sur place, dans la mesure où cette résonance émotionnelle ou capacité de résonance est un compagnon de tous les jours.
La perspective transculturelle devient une tâche de développement de sa propre personnalité, mais également de l’apprentissage transformatif entre tous les participants. On participe à plusieurs milieux de vie, on découvre des différences et on développe à ce sujet une compréhension. Et cela est en même temps remis en question par l’expérience nouvellement acquise. Bien que nous nous intéressions aux différences culturelles, cet accès agit d’une manière cohésive dans la communication.
Pour restituer efficacement, d’une manière malléable et professionnellement un tel processus de « sensed knowing », l’auteur choisit le moyen de la narration sous la forme d’un essai professionnel.
Dans la contribution, on apprend évidemment d’une part beaucoup sur l’interaction en Chine entre structure, cadre des domaines de vie et la fonction du « mur » pour la culture chinoise, et l’autorégulation colorée, multidimensionnelle, dynamique, volontaire des personnes sur place, à l’intérieur de chacune de ces structures, les « murs ». Cette interaction entre « mur » et autorégulation est éclairée par l’auteur d’une manière lucide, multidimensionnelle et exemplaire en tant que comportement du quotidien. L’auteur est impliqué également pour ce qui précède dans le contexte de la formation continue (thérapeutique). D’autre part, l’article offre des perspectives dans la « valise d’instruments » ethnologique, dont l’utilité est précieuse, judicieuse et pratique.
Une conviction fondamentale de l’auteur s’exprime enfin dans la vision selon laquelle si l’on veut parcourir la Chine en tant que psychothérapeute (corporel) en Chine, on est aussi logiquement ethnologue. Les gens en Chine semblent particulièrement apprécier cela, notamment ils recommencent progressivement, en raison de l’humiliation et du traumatisme pendant des siècles, à assumer leur identité culturelle en tant que chinois, mais également celle de leur propre patrie. La psychothérapie peut ici apporter une contribution importante.
L’auteur
Ulrich Sollmann, Dipl.rer.soc., psychothérapeute corporel (analyse bioénergétique, gestalt-psychothérapie), membre de l’Académie sino-allemande de Psychothérapie (DCAP), conseiller et coach en Économie et Politique, journaliste, blogueur. Travaille en indépendant à Bochum ainsi que régulièrement en Chine. Conférences et enseignements (entre autres bourse en tant que professeur invité à l’Université de Shanghai de Science Politique et de Droit).
Contact
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