Interview - Synthèse

Gustl Marlock

Plaidoyer pour que la psychothérapie respecte les processus sociétaux qui font que les citoyens se sentent concernés.

Même si les psychothérapeutes ne s’y connaissent pas suffisamment bien en économie politique, il demeure important qu’ils saisissent les aspects fondamentaux de la dynamique économique. L’auteur considère que trois réactions typiques sont possibles par rapport à la crise : 1. Celle-ci peut imploser de manière destructrice dans le psychisme individuel. Ici, la psychothérapie ne peut apporter aucun soutien ; elle est au plus observateur discret et ce n’est qu’en dehors des séances que les clients pourront verbaliser les rapports entre souffrance individuelle et contexte social. 2. Entrainement à un « art de vivre » empreint d’une sérénité pragmatique. 3. Critique, protestation et révolte en tant que contrepoids à l’implosion (ex. : printemps arabe, mouvement Occupy Wall Street, etc.). Marlock souligne que ni la société, ni les milieux économiques, ni les politiciens ne disposent d’approches et de modèles qui permettraient une réorientation. Il semble que le capitalisme ait actuellement atteint ses limites.

Il faut bien comprendre le fait que les aspects extérieurs et les aspects intérieurs du contexte sociétal comme du psychisme sont liés par le biais de mentalités fondamentales. Au lieu de contribuer à un déni de la crise, la psychothérapie devrait percevoir les processus dans lesquels les individus se sentent concernés comme des signes de sensibilité émotionnelle et d’intelligence sociale ; elle devrait alors soutenir ce type de perception et aider à la faire évoluer. Dans la mesure où les nombreuses routines quotidiennes sont maintenant comme inscrites dans le psychisme postmoderne, l’individu tend à se comporter comme s’il se trouvait en état de dépendance. Il ne prend pas explicitement conscience de ce qui se passe et les tentatives faites pour corriger la situation n’ont que des effets superficiels.

Le travail qui devrait être fourni par la psychothérapie est aussi rendu plus compliqué par le fait que les institutions qui le fournissent, mais aussi la pratique au sens plus global, ressemblent de plus en plus à l’économie. Tout doit être opérationnalisé, l’efficacité est considérée comme la principale vertu et, bien sûr, les traitements doivent demeurer payables. Ces données sont vendues sous la désignation de ‹ gestion de qualité › ; elles permettent essentiellement de faire des économies et d’abréger les traitements au lieu de donner aux individus qui se trouvent dans une situation précaire de nouvelles perspectives. Il faudrait au contraire les aider à acquérir une certaine résilience et continuer à adopter une attitude critique par rapport aux évolutions dans la société.