Interview - Synthèse
Hans-Jürgen Wirth
Vers une redéfinition du principe de solidarité et de l’identité collective.
La crise n’est plus uniquement une crise financière : elle est devenue sociale et politique. Maintenant, tout le monde le sait et pas seulement les experts et les politiciens. Wirth examine cet aspect par rapport au contexte européen. De nouveaux mouvements comme Attac, Occupy, etc. se sont créés en Europe et dans le monde. Ils ne sont pas toujours nés d’une misère réelle, matérielle, mais plutôt d’un sentiment d’indignation au sujet de la dimension irrationnelle et injuste de l’ensemble du système financier. Et pourtant, il manque à ces mouvements des porte-parole reconnus, comme l’avaient été autrefois chez les Verts Petra Kelly ou Horst-Eberhard Richter. A ce jour, les partis n’ont pas encore élaboré une stratégie qui leur permettrait de contourner ces mouvements. Ces mouvements expriment une réaction spontanée ‹ du bas › envers la politique ‹ du haut ›. Du point de vue de la psychologie sociale, il faut que les Européens renforcent leur identité collective. Et pourtant cette démarche est rendue difficile par les constantes nouvelles de catastrophes et de sommets de crise, ce qui fait que le sentiment de ne pas pouvoir comprendre est renforcé. Finalement, tout demeure insaisissable et les réactions sont faites d’impotence, de perte de sécurité et de craintes diffuses envers l’avenir. La crise dans son ensemble, mais aussi les mouvements sociaux, provoquent une réactivation et une redéfinition du principe de solidarité. Pour prendre ce dernier suffisamment au sérieux, il faut tenir compte du contenu émotionnel des critiques. Le besoin d’une réorientation fondamentale doit être pris au sérieux par les partir, et surtout par ceux qui sont bien établis. Faire de la politique en Europe implique aussi que chaque citoyen s’identifie avec la culture et le système de valeurs de ce continent. Ce processus pourrait contribuer à rendre les Européens plus humains.