Interview - Synthèse
Emilio Modena
La crise du système ne sera pas encore maitrisée en 2020.
La situation de crise s’est aggravée depuis 2008. Il semble bien que l’injection de capital dans les pays en difficulté ne va pas la résoudre puisque ces financements sont suivis d’une réduction de l’aide sociale et d’un renforcement des mesures d’austérité. De plus, les principaux instituts financiers continuent à spéculer. Ce sont les classes populaires qui doivent en supporter l’essentiel des conséquences. Par exemple, les chômeurs et ceux qui touchent des allocations sont précarisés, alors que les couts de la santé augmentent. Ces personnes gèrent les difficultés de manière individuelle et les ressentent comme une atteinte personnelle. Elles réagissent avec un profond sentiment de honte et de colère. Les coupes radicales ne touchent pas seulement le ‘précariat’ mais de plus en plus les classes moyennes, dans le sens où celles-ci craignent que leurs économies soient dévalorisées.
Modena constate que les collectivités mettent en place une sorte de processus d’apprentissage (voir le mouvement Occupy, etc.). Il pense que cela est dû au fait qu’elles sont devenues mieux conscientes du fonctionnement de l’économie capitaliste. Il faut maintenant attendre pour voir si ce processus va être durable. A ce niveau, le mouvement international ‹ Occupy › autorise un certain optimisme, puisque ce mouvement de contestation a été porté au niveau de la collectivité, devenant collectif au lieu d’être vécu comme quelque chose de personnel.
D’un autre côté, de nombreuses personnes recherchent une stabilisation de leur Soi en adhérant à des sectes. La psychothérapie doit apporter un soutien actif à l’individu et elle doit aussi être une critique des conditions sociétales et une opportunité d’établir une relation (thérapeutique). Dans ce sens, elle est partiale, elle est une prise de parti pour le patient ; en incluant une critique de la société dans sa démarche d’interprétation, elle peut avoir des effets salutaires par rapport à la crise.