Interview - Synthèse
Wolfgang Looss
La pénible affaire avec les efforts de sécurisation ou : le début de l’humilité ?
Les hommes se sentent dépassés par le fait que la complexité va croissant. Il n’est simplement plus possible de la comprendre. Les schémas mis en œuvre pour la gérer se caractérisent par une prise de distance intérieure par rapport aux efforts visant à « vouloir encore comprendre ». Il s’agit bien sûr de résignation, mais aussi d’un escapisme fondé sur l’idée que personne ne sait ce qui va encore arriver. On enregistre par ailleurs un retour vers « le monde proche, facile à saisir », dans le sens où nombreux sont ceux qui ne comprennent même plus pourquoi ils ont du succès. Ici, les arrogants de notre monde commencent à montrer des traces d’humilité. Les individus doivent fournir des prestations de plus en plus nombreuses et leurs actions ne sont plus vraiment saisissables – ce qui provoque des dommages considérables sur le plan personnel. L’accélération et la paralysie qui se manifestent simultanément donnent naissance à toutes sortes de nouvelles « habitudes » collectives. D’une part, des personnes en plus grand nombre perdent leur sécurité et les noyaux de solidarité commencent à fondre. D’autre part, il y a aussi des gagnants à la crise puisque l’écart entre riches et pauvres s’ouvre de plus en plus et que certaines personnes commettent des actes de désespoir assez originaux (ex. le parti des pirates, etc.). Concernant la psychothérapie, il est important qu’elle apporte un soutien à l’élaboration d’un sens personnel. Loos se déclare donc partisan de la pénible démarche menée pour établir un meilleur sens de sécurité ; mais il propose également que les gens saisissent la chance qui s’ouvre à eux d’établir de nouvelles relations et de se raconter des histoires sur la vie et sur les vécus provoqués par la crise.