Les nouveaux défis de l’épidémiologie dans des contextes politiques et sociaux

De la santé publique vers des politiques de prévention

Clelia Di Serio

Psychotherapie-Wissenschaft 8 (1) 74 2018

www.psychotherapie-wissenschaft.info

CC BY-NC-ND

DOI: 10.30820/8242.13

Mots-clés : Santé publique, surveillance, vieillissement, big data, santé mentale

L’épidémiologie et la santé publique ont toujours représenté deux instruments intégrés de mesure d’une part et de prévention des maladies d’autre part. L’épidémiologie peut aider à mesure l’état de santé de la population, ses déterminants et le système sanitaire dans ses aspects fonctionnels. Le besoin sanitaire doit être exploré sur un plan quantitatif avec une ampleur plus importante que celle qui existe aujourd’hui, en identifiant de nouvelles priorités. En fait, l’évolution du type de données biomédicales d’une part et du type de communication sur la santé d’autre part ont rendu indispensable une action continue de « surveillance » par le système de la santé publique. Cette nécessité a augmenté en raison de phénomènes géopolitiques et démographiques qui ont modifié la structure de la population. D’une part, les flux migratoires ont contribué à propager de nouvelles maladies infectieuses vers l’Europe dans une situation généralisée d’abaissement des barrières de vaccination qui a créé un sol fertile pour de nouvelles implantations. Ce qui rend nécessaire des interventions de dépistage de masse, et l’émission de nouvelles lignes directrices par les institutions et les organismes de réglementation sur la définition des maladies et comportements à risque, ainsi que l’étude de nouveaux biomarqueurs qui pourraient détecter, pendant la phase pré-clinique, les maladies présentant un fort taux de mortalité, comme la tuberculose. Un autre aspect fondamental du changement dans la dynamique et la composition de la population concerne le vieillissement progressif de la population qui est maintenant connu. Ce qui est le plus marquant dans le paysage du 21e siècle c’est l’observation d’une redistribution démographique sans précédent, dans laquelle d’ici 2050, la proportion des aînés aura tendance à doubler, en passant de 11 % à 22 % de la population totale. Dans les 5 prochaines années, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le nombre d’individus âgés de 65 ans et plus dépassera le nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans. Le segment de la population qui va le plus augmenter est celui des personnes de plus de 80 ans, dont le nombre absolu, d’ici 2050, va pratiquement quadrupler. Cela implique une transition épidémiologique dans la pathologie émergente : nous sommes passés d’une situation dans laquelle les maladies infectieuses et déficientes dominent vers une prépondérance de maladies chroniques dégénératives. Le vieillissement est donc un point d’attention fondamentale portée à la fois sur les aspects étiologiques et épidémiologiques des maladies et sur le changement dans les politiques sanitaires. Tous ces aspects ne peuvent toutefois pas être traités sans un regard prospectif tourné vers le futur, vers l’ère des big data et du « fédéralisme » des informations biomédicales qui vont contribuer à accélérer les politiques d’intervention.

Auteur

Clelia Di Serio, professeure titulaire de Statistiques médicales et d’Épidémiologie à l’université. 1991 : Diplôme en Économie avec une spécialisation en Statistiques. 1995 ; Executive Master en Statistiques (UNC-USA) 1992-1996. Doctorat en statistiques (Chapel Hill, programme PhD Université de Caroline du Nord-USA jointe à l’Université de Trente). Depuis 2007, professeure en Statistiques à l’Université de la Suisse italienne, bureau de Lugano. Depuis 2005 Directrice de CUSSB (Centre universitaire de statistiques dans les sciences biomédicales)

Contact

diserio.clelia@hsr.it

clelia.di.serio@usi.ch

Centro Universitario di Statistica per le Scienze Biomediche (CUSSB : www.cussb.unisr.it)

San Raffaele Vita-Salute University

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20132 Milano

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