Comment transformer la massue philosophique de Popper en un bouquet de fleurs pour la psychanalyse

Un essai sur la théorie de la science de la psychothérapie

Kurt Greiner

Psychotherapie-Wissenschaft 7 (2) 84 2017

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CC BY-NC-ND

Mots-clés : Karl R. Popper, psychanalyse, psychologie individuelle, théorie de la science, soi-disant scientifique, sciences naturelles, sciences textuelles, herméneutique logopoïétique, réseau psychonarratif, Textes clients problématiques, horizons et offres sensorielles psychoterminologiques

Le philosophe viennois Karl R. popper (1902-1994) tient un rôle historiquement marquant dans le discours sur la théorie épistémologique de la psychothérapie. Il y a presque un siècle, il a commencé à critiquer d’une manière accablante et avec un effet durable les cultures scientifiques psychothérapeutiques à l’époque encore naissantes, la « Psychanalyse » et la « Psychologie individuelle ».

Il doit être démontré, dans le cadre de cet essai qui s’inspire de « l’article-pénis-tête » de Greiner (tome 6 / cahier 1 / 2016, p. 30-40), dans quelle mesure les arguments antérieurs de Popper contre plaident aujourd’hui justement en faveur du caractère scientifique de la psychanalyse et de la psychologie individuelle. Afin que la contre-argumentation puisse être réellement lue sous un angle proanalytique, il est tout d’abord nécessaire de concevoir les écoles de la psychanalyse non pas comme des sciences naturelles, mais comme des pratiques scientifiques de la recherche textuelle génératrice de sens (logopoïétique) dans l’intention psychothérapeutique. Dans cette hypothèse, les attaques de Poppers sur les deux disciplines psychanalytiques qu’il aborde à la fois sous l’aspect « théories » et également sous l’aspect « méthodes » peuvent ainsi être inversées.

Dans une perspective en lien avec la théorie, Popper dévoile la puissance universelle de clarification des deux théories psychanalytiques (psychanalyse, psychologie individuelle), le fait de leur adaptation et de leur compatibilité inconditionnelle, comme le point faible théorique proprement dit. Au sens strictement épistémologique du texte, cette faiblesse des théories diagnostiquées par l’épistémologie de la nature se révèle en fait être davantage une force des théories. En effet, c’est justement le fait de l’adaptation et de l’adéquation qui se révèle, sous l’augure logopoïetique, être le critère d’adéquation de l’acquisition herméneutique de connaissances.

Dans la perspective méthodologique, Popper justifie son soupçon de scientificité du paraitre et du non-paraitre avec l’argument selon lequel « chaque cas seulement imaginable » se laisse expliquer que ce soit au sens de la psychanalyse selon Sigmund Freud ou au sens de la psychologie individuelle selon Alfred Adler. Pour lui, « aucun comportement humain » ne serait concevable sur lequel il ne serait pas possible d’appliquer les deux approches d’interprétation dans une même mesure et avec succès. Inversement, pour le théoricien de la science textuelle, l’élément essentiel de l’herméneutique – à savoir la caractéristique de la non-herméticité principale de l’évènement d’interprétation circulairement structurée – se reflète davantage justement dans cette situation, c’est la raison pour laquelle une caractéristique de qualité économico-structurelle centrale de l’herméneutique est reconnue aussi justement dans la situation de l’approche méthodique sur l’objet de la recherche, laquelle définit également la différence basique entre la pensée de la science textuelle intelligible et de la pensée des sciences naturelles causales analytiques.

L’auteur

Kurt Greiner, prof. d’université DDr., enseigne à l’université privée Sigmund Freud à Vienne (SFU) et effectue des recherches dans la spécialité qui y est enseignée Théorie de la science psychothérapeutique et Méthodologie de la recherche des écoles de thérapie.