La résonance comme mode relationnel en psychothérapie

Anita Horn & Hartmut Rosa

Psychotherapie-Wissenschaft 14 (1) 2024 43–44

www.psychotherapie-wissenschaft.info

CC BY-NC-ND

https://doi.org/10.30820/1664-9583-2024-1-43

Mots clés : résonance, psychothérapie, philosophie sociale, théorie moderne de l’attachement

Partant du discours répandu, mais non homogène, sur la résonance en psychothérapie, différentes notions de résonance font l’objet d’un débat. La résonance est comprise comme un mode relationnel qui, au-delà du vécu d’expériences de résonance, présuppose également le développement de la capacité de résonance dans la petite enfance marquée par la rencontre entre deux ou plusieurs personnes. En outre, trois autres « axes de résonance » (axe de résonance matériel, axe de résonance du soi, axe de résonance existentiel) sont identifiés et pondérés en tant que ressources pour la psychothérapie. La résonance est décrite comme un processus relationnel dynamique qui s’étend dans le temps. Dans la mesure où la psychothérapie est comprise comme une expérience relationnelle corrective, la gestion consciente de la résonance thérapeutique joue un rôle clé dans le dépassement des troubles psychiques. Les mécanismes inconscients tels que le transfert et le contre-transfert influencent l’expérience de la résonance. Une relation thérapeutique porteuse présuppose des expériences de résonance entre deux personnes et profite de celles-ci en tant que catalyseurs de la motivation thérapeutique et en tant que porteurs d’espoir pour des changements durables de la structure psychique intérieure. La résonance en psychothérapie est donc plus qu’une expérience momentanée, elle correspond aussi à une disposition psychique stable, orientée vers la confiance et l’ouverture.

En ce qui concerne la notion psychologique de résonance, le texte introduit la distinction entre la résonance neuronale et la résonance interpersonnelle. Selon Fuchs (2017), la résonance neuronale se réfère à des processus complexes d’adaptation et de traitement dans le cerveau, tandis que la résonance entre deux personnes repose sur la résonance sensorielle et émotionnelle dans les rencontres interpersonnelles. L’auteur décrit l’importance du développement du « système de résonance » dans le cerveau dès la petite enfance. Le contexte thérapeutique est considéré comme un espace permettant de cultiver la capacité de résonance, et le rôle du thérapeute en tant que caisse de résonance est mis en évidence.

L’importance de la résonance en tant que mode de relation interpersonnelle est élargie à d’autres « axes de résonance » qui peuvent servir de ressources pour la psychothérapie. Hartmut Rosa identifie trois autres « axes de résonance » : l’axe de résonance matériel, qui comprend la relation entre les sujets et leur environnement matériel, l’axe de résonance du soi, qui fonctionne entre le corps et l’esprit ou encore entre l’émotion et la cognition, ainsi que l’axe de résonance existentiel ou vertical entre un sujet et ce qu’il rencontre comme « enveloppant » (Jaspers) ou comme réalité ultime. La prise en compte de diverses expériences de résonance, telles qu’elles s’expriment entre autres dans le matériel symbolique comme les dessins ou les rêves, est considérée comme une ressource aussi bien pour le développement de l’efficacité personnelle que pour la relation thérapeutique vécue.

Le débat sur la « substantialité » de la résonance est abordé, opposant la position d’une résonance sociale selon Altmeyer, qui se manifeste en premier lieu de manière instrumentale et sans substance, et la conception des auteur(e)s selon laquelle la résonance est plus qu’une métaphore, à savoir une forme de relation constitutive de l’identité. Le texte aborde également l’influence des expériences de résonance sur la santé mentale et examine le lien possible entre les relations de résonance perturbées dans l’enfance et les troubles de la personnalité.

En résumé, la résonance est présentée comme un phénomène complexe et multidimensionnel en psychothérapie, qui va au-delà des relations interpersonnelles et englobe différents axes ainsi que des structures psychiques internes fondamentales. Les expériences de résonance sont considérées non seulement comme des motivateurs de changement, mais aussi comme des éléments stabilisateurs qui peuvent contribuer au développement d’une disposition psychique résistante et ouverte.

Note biographique

Docteur es sciences, Anita Horn est philosophe sociale et psychothérapeute pour enfants, adolescents et adultes reconnue au niveau fédéral, superviseur et analyste formatrice à l’Institut C. G. Jung.

Hartmut Rosa est professeur de sociologie générale et théorique à l’université Friedrich-Schiller de Iéna et directeur du Max-Weber-Kolleg, à Erfurt.

Contact

Anita Horn c/o Hartmut Rosa
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