Essai sur un paradigme fonctionnel général
Kurt Greiner
Psychotherapie-Wissenschaft 14 (1) 2024 19
www.psychotherapie-wissenschaft.info
https://doi.org/10.30820/1664-9583-2024-1-19
Mots clés : sciences naturelles, sciences humaines, sciences textuelles, médecine textuelle, paradigme fonctionnel, psychothérapie, herméneutique, expérience subjective, texte de souffrance, compétence en matière de texte de souffrance, autogestion du texte de souffrance
L’objectif de tout effort thérapeutique, que ce soit dans le domaine somatique ou psychique, est de parvenir à la guérison, au rétablissement. Dans ce sens, les traitements psychothérapeutiques devraient conduire à la guérison dans le domaine du psychique, du mental, de l’âme. Mais comment la guérison dans le domaine psychique peut-elle réussir de facto ?
Cet article, conçu comme un essai sur un paradigme général de fonctionnement de la psychothérapie, repose sur la prémisse que l’objet « psychique », auquel s’intéresse également la psychothérapie, ne peut être que « vécu subjectivement ». Ce « vécu subjectif » doit toujours s’articuler en « texte » verbal et non verbal afin d’être compréhensible. Il est donc évident que l’accès au sens (« herméneutique ») représente un principe opératoire fondamental en psychothérapie, puisque les psychothérapeutes sont constamment confrontés aux articulations les plus diverses et les plus différenciées du mal-être que leur offrent leurs clients dans la situation thérapeutique. Dans ce sens, l’objet authentique de la psychothérapie peut être identifié dans le texte de souffrance spécifique au client, ce qui permet de comprendre pourquoi les méthodes bio- et neuroscientifiques, par exemple, ne peuvent pas s’avérer vraiment utiles pour l’action psychothérapeutique, précisément parce qu’elles sont inadaptées à l’objet. L’action psychothérapeutique nécessite plutôt des stratégies, des techniques et des instruments issus des sciences textuelles.
D’un point de vue textuel, on peut en tout cas affirmer qu’un processus de guérison a lieu dès que le texte de souffrance se transforme successivement en texte de bien-être et qu’il finit par se dissoudre. Bien sûr, cela ressemble à un cas optimal qui ne se produit peut-être que très rarement. Mais ce que la psychothérapie peut en tout cas faire, c’est soutenir les clients dans leur capacité à gérer leur propre texte de souffrance de manière à favoriser leur guérison, c’est-à-dire les aider à développer des modes de gestion individuellement adaptés à leur texte de souffrance personnel et ce, afin d’obtenir, sinon une dissolution complète du texte de souffrance, du moins à un assouplissement bénéfique. De ce point de vue, la fonction textuelle de la psychothérapie consiste à faire des offres spéciales pour l’entraînement de la compétence du texte de souffrance, à proposer des formations spéciales de l’autogestion du texte de souffrance, puisqu’il s’agit au fond de s’exercer, sur la base de la science textuelle, à la gestion constructive et salutaire de son propre texte de souffrance.
Dans cette lecture de la psychothérapie, médecine textuelle, le principe d’opération herméneutique particulier de la psychothérapie est effectivement promu au rang de paradigme général de fonctionnement de la psychothérapie dans les sciences textuelles. Toujours est-il que le contexte d’action thérapeutique peut être mis en évidence de la manière suivante, toutes modalités confondues : Intégrer le texte de souffrance verbal et non verbal dans le contexte de compréhension d’une modalité thérapeutique spécifique, de telle sorte que le texte de souffrance devienne lisible en tant que spécificité dans le sens de la modalité thérapeutique spéciale qui guide la pratique et qu’il puisse ainsi être traité de manière spécifique, c’est-à-dire qu’il puisse être géré ou manipulé.
Note biographique
Kurt Greiner est professeur de psychothérapie à l’université privée Sigmund Freud de Vienne. Depuis 2007, il enseigne et fait de la recherche dans les domaines de la théorie de la psychothérapie et de la psychothérapie expérimentale (psychotextologie).
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