La dépression d’épuisement

Pour une saisie chrono-dynamique de l’évolution de la maladie

Stefan Paulus

Psychotherapie-Wissenschaft 13 (2) 2023 47

www.psychotherapie-wissenschaft.info

CC BY-NC-ND

https://doi.org/10.30820/1664-9583-2023-2-47

Mots clés : évaluation des risques, science du sujet, modèle transactionnel du stress, risques psychosociaux, dynamique du système, autosurveillance

Les intérêts actuels de la recherche sur le travail et des disciplines qui y participent, ainsi que du setting psychothérapeutique, consistent à a) comprendre comment les dynamiques des charges de travail structurelles correspondent aux charges spécifiques à la situation de vie et aux stratégies subjectives d’adaptation, b) comprendre quelles constellations de charges de travail, en interaction avec des situations de vie spécifiques, donnent lieu à des contraintes de travail qui mettent en danger ou préservent la santé et c) comprendre à quoi ressemblent les stratégies d’adaptation dynamiques qui mettent en danger ou préservent la santé (Paulus, 2018, 2022).

Dans le cadre d’un projet de recherche fondamentale (FNS – Fonds national suisse) et d’un projet de recherche sur l’innovation (Innosuisse), les interactions entre les facteurs spécifiques au travail, aux soins et à la situation de vie et les dynamiques individuelles ainsi que les décisions comportementales à risque ont été étudiées afin d’en déduire un ensemble de règles théoriques et de modèles de comportement qui servent de base à l’évaluation des risques psychosociaux dans la pratique et à la prévention secondaire et tertiaire du burnout.

Pour ce faire, des modèles de causes et d’effets des maladies liées au stress au travail ont été développés dans le cadre d’interviews et d’ateliers avec des patients* en burnout et des psychothérapeutes*. Ces modèles expliquent les effets des modèles d’organisation du travail sur les relations sociales, la satisfaction personnelle ou l’état de santé, ou ils décrivent la gestion de problématiques telles que la pression du temps ou les conflits de conciliation. Le lien de cause à effet entre les interactions systémiques et psychodynamiques permet de comprendre comment les stratégies d’adaptation réussies (celles qui n’entraînent pas d’atteinte à la santé) se distinguent des stratégies d’adaptation qui aggravent la situation.

La connaissance de telles structures ou modèles de base permet de saisir les constellations de risques des systèmes de travail et de comportement les plus divers et crée ainsi une base pour un pilotage efficace du système de conduite de vie. De telles modélisations, qui sont déjà développées dans la recherche sur la dépression (Schiepek, 2020), peuvent d’une part fournir des indications sur les conditions de vie qui limitent objectivement les possibilités et les actions en fonction du comportement concerné. D’autre part, ces modèles peuvent montrer des possibilités d’action alternatives afin de décrire les modes de vie pratiques et individuels des individus en tant que possibilités d’action. Les modèles systémiques dynamiques des risques psychosociaux qui en résultent peuvent être utilisés comme base pour l’évaluation des dangers. La condition préalable est que l’évaluation ait lieu dans un cadre psychothérapeutique ou dans un processus d’évaluation participative ou formative des risques, afin de travailler avec les personnes à la reconstruction de leur situation de vie génératrice de stress. La reconnaissance de telles structures causales revêt une grande importance pour l’intervention psychothérapeutique, car elle permet aux patients de reconnaître, de comprendre et de modifier eux-mêmes les interactions entre les conditions de vie et les réactions ou les justifications d’action (Paulus et al., 2023).

L’auteur

Prof. Dr. rer.pol.habil. Stefan Paulus est co-directeur, spécialisé dans l’intégration et le travail, à l’Institut für Soziale Arbeit und Räume (Institut pour le travail social et les espaces) à l’Ostschweizer Fachhochschule (Haute école spécialisée de la Suisse Orientale) à Saint-Gall.

Contact

Prof. Dr. Stefan Paulus
IFSAR Institut für Soziale Arbeit und Räume OST – Ostschweizer Fachhochschule
Rosenbergstr. 59 CH-9001 St. Gallen
stefan.paulus@ost.ch