Science psychothérapeutique élargissant les possibilités d’action (Partie 2)

Mise en œuvre pratique de la recherche

Paolo Raile

Psychotherapie-Wissenschaft 13 (1) 2023 93–92

www.psychotherapie-wissenschaft.info

CC BY-NC-ND

https://doi.org/10.30820/1664-9583-2023-1-93

Mots clés : science psychothérapeutique, praxéologie, constructivisme radical, schémas, possibilités d’action, science psychothérapeutique élargissant les possibilités d’action

La première étape consiste à définir l’objet concret de la recherche de la manière la plus générale possible (dans le sens où il n’est pas spécifique à une discipline), tout en restant précis, comme je l’ai déjà fait dans la section précédente pour Eco-Anxiété. L’objectif est de formuler une description des contenus perceptifs à étudier qui ne contienne pas de termes spécialisés d’une école psychothérapeutique particulière. Le mot inconscient, par exemple, renvoie, selon la manière dont il est utilisé, à une base de départ de la psychologie des profondeurs, qu’il faut éviter parce que, suivant l’approche, on veut considérer l’objet de la recherche du point de vue d’une école dans laquelle il n’existe pas de concept d’inconscient. S’il n’est pas possible de faire autrement, l’application d’autres concepts au phénomène étudié nécessite un travail de traduction afin de le décrire dans les termes de l’école concernée. Par exemple, si l’on souhaite étudier l’émergence des théories du complot Covid sur les réseaux sociaux, il est facile de partir d’un système auto-renforçant, mais l’objet de la recherche doit être formulé de telle sorte que la perspective unipersonnelle de la psychanalyse classique, par exemple, puisse le traiter sans problème, ou une approche existentielle.

Une fois l’objet de la recherche trouvé et une définition de travail formulée, vient la question de recherche, pour laquelle il faut encore faire un peu de travail préparatoire. En effet, il est impossible et surtout inutile d’envisager un phénomène sous l’angle de toutes les constructions psychothérapeutiques possibles, c’est pourquoi une restriction doit être faite. En fonction de l’ampleur du projet de recherche et de la publication prévue, il convient de sélectionner au moins trois et au maximum douze approches psychothérapeutiques, en appliquant les principes des différences minimales et maximales. Moins il y a d’approches étudiées, plus la tendance devrait être à la différence maximale, afin d’obtenir des schémas et des constructions aussi différents que possible. Dans l’idéal, on utilise comme approche la construction (ou les textes) d’une seule personne, représentative d’une école donnée, et dont la théorie peut être appliquée à l’objet étudié. Cela peut varier considérablement en fonction de l’objet de la recherche, c’est pourquoi une recherche préalable est utile pour trouver et définir de telles approches. Ensuite, la question de recherche peut être formulée, qui contient d’une part la définition mentionnée ci-dessus, et d’autre part les approches choisies, y compris les personnes à partir desquelles l’analyse ultérieure sera effectuée.

Une fois la question de recherche posée, la recherche proprement dite peut commencer. Pour ce faire, l’objet de la recherche est plongé dans la construction, par exemple les traumatismes transgénérationnels dans l’analyse existentielle et la logothérapie à l’aide des œuvres de Viktor Frankl, puis dans la thérapie narrative selon Michael White et enfin dans l’hypnothérapie telle qu’elle est décrite par Milton Erickson. Les sources primaires de la recherche devraient alors être les paroles des personnes concernées elles-mêmes, mais la littérature secondaire peut aider à interpréter de manière viable les schémas des auteurs* et à prendre en compte des aspects auxquels on n’avait pas pensé au départ, parce qu’on est soi-même dans un monde construit et qu’il n’est pas toujours facile de se mettre à la place d’autrui, surtout s’il a un point de vue très différent sur la réalité.

Après avoir plongé l’objet de l’étude dans plusieurs approches, on obtient idéalement des affirmations très différentes. Il s’agit maintenant d’y réfléchir en tenant compte de ses propres constructions. L’objectif est de créer de nouveaux schémas, formés à partir d’affirmations pertinentes, et d’élargir son propre champ d’action. Dans le meilleur des cas, les lecteurs* trouvent également de nouveaux points de vue et de nouvelles possibilités qui élargissent leurs propres possibilités et leur permettent d’être plus flexibles dans leur travail pratique. Un autre bénéfice est la réflexion sur la base théorique ainsi que la comparaison de plusieurs affirmations de ce type entre elles, qui peuvent révéler les bases intellectuelles implicites des approches. Pour cette étape, je vous renvoie au vaste pool de méthodes de Greiner, qui constitue un complément extrêmement précieux à la démarche expliquée ici.

Der Autor

Le Dr. Dr. Paolo Raile, MSc. a étudié la science psychothérapeutique, le travail social et l’ethnologie européenne. Il est l’auteur de textes scientifiques, psychothérapeute, travailleur social, conseiller de vie et social ainsi que fondateur et directeur de deux organisations psychosociales à Vienne.

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