Éditorial

Psychotherapie-Wissenschaft 13 (1) 2023 7–8

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CC BY-NC-ND

https://doi.org/10.30820/1664-9583-2023-1-7

Depuis le début de la pandémie de Corona, la numérisation jouit d’une acceptation accrue au sein de la psychothérapie, tant de la part des psychothérapeutes et des patientes et patients que des assurances et responsables, un peu plus réservés, de la politique de la santé. Si les interventions et présentations publicitaires numériques de psychothérapeutes étaient encore abordées avec scepticisme sur la scène mondiale avant l’apparition de la SARS-CoV-19, elles sont devenues une nécessité à partir du printemps 2020. Dans le monde entier, des psychothérapeutes et leurs patientes et patients se sont retrouvés dans des salles de chat vidéo numériques et ont, parfois pour la première fois, vécu la « rencontre psychothérapeutique 2.0 ». Le reflux de la pandémie a initié le mouvement de retour dans les cabinets et les cliniques, le retour au contact physique après parfois des mois de séjour dans des formes relationnelles numériques sans recours à des organes sensoriels centraux tels que l’odorat, le goût et le toucher. Mais ce mouvement de retour n’a souvent pas eu lieu complètement, et de nombreux cabinets maintiennent depuis lors au moins une partie de leur offre en ligne.

Ceci correspond-il maintenant à une étape sans suture et naturelle en direction de « Blended Care », une approche qui combine à la fois des interventions « Face-to-Face » et des interventions « en ligne » dans la psychothérapie ? Quelles sont les possibilités de recourir justement aux interventions en ligne dans une profession qui repose fortement sur le contact interpersonnel en tant que ressource curative ? Ces questions sont examinées dans les contributions de ce cahier. Mais également les thèmes qui gagneront en importance à l’avenir et qui sont en relation avec la visibilité d’offres psychothérapeutiques et de ceux et celles qui les proposent dans l’espace numérique sont abordés.

Jana A. Heimes traite dans sa contribution de la présence croissante de psychothérapeutes sur des plateformes numériques, qui peut comporter des pièges du fait de la réglementation déficiente de cette profession. Elle montre aussi comment il est possible d’élaborer des contributions d’un haut niveau qualitatif et éthique sans être aspiré par le flux de gratifications de ce type d’autoreprésentation.

Marcus Täuber présente dans son article l’état actuel de la recherche dans l’application de la Virtual Reality Exposure Therapy (VRET) dans la thérapie de phobies et d’addictions. Il montre à cette occasion de façon impressionnante l’utilité de cette forme d’intervention dans les ajustements psychothérapeutiques, qui correspond au niveau des symptômes de troubles spécifiques à ceux d’une intervention in vitro équivalente. Il expose en outre à travers cet article l’éventail des possibilités d’utilisation de la VRET aux lectrices et lecteurs.

Mara Foppoli et Milena Pacciorini présentent une expérience de chat peer qui permettait de proposer à des adolescents un soutien en ligne, et qui est utilisée jusqu’à aujourd’hui par plus de 6.000 adolescents dans la Suisse italophone. Il ne s’agit certes pas d’un service de psychothérapie en ligne, mais d’une offre à bas seuil d’accès qui poursuit la construction d’un système qui protège les jeunes gens contre les effondrements psychiques et aiguise la prise de conscience d’une intervention précoce par la psychothérapie en jouant simultanément le rôle d’un gardien de la santé psychique. Les auteures montrent les éléments d’évaluation provisoires pour ce type de prestation de service.

Karen Fried donne un aperçu du projet « Just for Now », qui a donné pendant la pandémie à plus de 130 psychothérapeutes la possibilité d’échanger en ligne sur les pratiques dans la psychothérapie avec des enfants et des adolescents, sachant que la méthode développée par Violet Oaklander a été appliquée. Elle présente différents outils en ligne qui ont été développés et procède à une évaluation intéressante de sa mise en œuvre dans différents pays concernés à la fois pendant la pandémie et maintenant.

Severina Ursina Caplazi se tourne dans son article vers le smartphone en tant qu’intermédiaire dans les interventions psychothérapeutiques. Son aperçu bibliographique éclaire les facteurs transdiagnostiques qui s’appliquent dans le cas d’interventions basées sur les Smartphones. Elle montre des résultats impressionnants de l’efficacité d’interventions (ce qu’on appelle les Ecological Momentary Interventions : EMI), qui peuvent être transmis en temps réel du fait de la possibilité d’utilisation flexible d’appareils mobiles en temps réel. La plus jeune génération est notamment examinée dans les études présentées par ses soins, ce qui peut être interprété comme un signe pour l’avenir.

Dans la seconde partie de sa contribution originale, Paolo Raile présente la mise en œuvre pratique pour la recherche de la science psychothérapeutique élargissant les possibilités d’action (HEP), après avoir expliqué les bases théoriques scientifiques de cette dernière dans la première partie (v. Psychotherapie-Wissenschaft 2/2022). En se basant sur des exemples parlants du quotidien psychothérapeutique, il expose sa proposition des différentes étapes méthodiques. Son article donne, même sans formation approfondie, l’envie d’oser intégrer une école de psychothérapie qui donne le sentiment de ne pas appartenir à sa propre méthode (que ce soit dans la pratique ou dans la recherche). On peut ici élargir sa propre marge de manœuvre dans l’application et l’exploration de méthodes psychothérapeutiques, ce qui peut conduire finalement à une psychothérapie adaptée de façon optimale aux patientes et patients et aux besoins de ces derniers : un concept qu’on ne peut donc que saluer.

Nous concluons le cahier à chaque édition par quelques discussions de livres. Nous discuterons cette fois également d’un livre italien de Marcello Veneziani dans lequel il est question de l’insatisfaction comme point de départ de processus de changement à l’intérieur et à l’extérieur. Les livres en langue allemande sont d’une part ancrés dans les domaines de la thérapie humaniste et de la thérapie des traumatismes, et traitent de l’autre de la crise climatique et de la santé psychique.

Vous trouverez les articles en langue étrangère de Karen Fried et de Mara Foppoli et Milena Pacciorini à la fois dans leur langue d’origine et en allemand.

Nous vous souhaitons une lecture stimulante.

Lea-Sophie Richter & Mara Foppoli



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