Violations et transgressions des limites sexuelles dans le cadre de psychothérapies

Une enquête réalisée sous des thérapeutes (h/f) autrichiens ayant pris la suite de patients (h/f) concerné(e)s

Magdalena Schwabegger & Christiane Eichenberg

Psychotherapie-Wissenschaft 12 (1) 2022 87–88

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CC BY-NC-ND

https://doi.org/10.30820/1664-9583-2022-1-87

Mots clés : violations des limites sexuelles, transgressions des limites sexuelles, abus sexuel, psychothérapie, thérapie consécutive, enquête en ligne

Les violations ou les transgressions de limites sexuelles dans le cadre d’une psychothérapie sont déjà certains propos exprimés par des psychothérapeutes traitant(e)s, qui ne sont éventuellement pas immédiatement reconnus comme tels. Ces violations des limites sont commises en moyenne par environ 10% de l’ensemble des psychothérapeutes. Le but de cette étude consistait à montrer les conséquences pour les personnes concernées et le traitement de ces effets. La focalisation a prioritairement porté sur les expériences et l’approche thérapeutique de ce qu’on appelle les thérapeutes ayant pris la suite, qui prennent en thérapie consécutive des patientes et patients déjà concerné(e).

Une enquête en ligne a été réalisée pendant la période comprise entre avril et juillet 2018 dans le cadre d’un relevé sous des psychothérapeutes en Autriche. L’échantillon complet de l’enquête comprenait 578 personnes, parmi lesquelles 330 sont allées jusqu’au bout de l’enquête. Les participantes et participants ont été interrogé(e)s du point de vue des expériences qu’elles ou ils ont faites et notamment par rapport à l’approche thérapeutique qu’elles ou ils ont suivi dans le traitement de patientes et patients qui ont dû faire des expériences de violations ou de transgressions des limites sexuelles dans le cadre de thérapies précédentes. Comme peu de recherches accompagnées de questionnaires évalués ont été publiées dans ce domaine, on a eu recours à un questionnaire élaboré en interne. Les données collectées ont été évaluées et analysées au plan quantitatif et qualitatif.

Les résultats de l’enquête en ligne montrent qu’une ou un thérapeute interrogé(e) sur six (16,1%, n = 53) a déjà reçu des patientes et patients qui ont fait l’expérience de violations des limites sexuelles dans le cadre d’une psychothérapie précédente. Dans l’ensemble, les thérapeutes interrogés ont fait état de 159 patientes et patients qui suivaient ou suivent encore des traitements thérapeutiques consécutifs. Dans tous les cas rapportés, les contacts sexuels avec des psychothérapeutes entraînent des conséquences nocives pouvant aller jusqu’au traumatisme. Les évaluations statistiques les patientes et patients traité(e) des thérapeutes interrogé(e)s (n = 50) montrent les troubles suivants en conséquence de violations des limites sexuelles : sentiments de honte et de culpabilité (32%), traumatismes et retraumatismes (28%), perte ou problèmes de confiance (24%), problèmes d’estime de soi (20%).

Contre toutes les règles recommandées, la majorité des thérapeutes ayant pris la suite interrogés ont dit avoir suivi une approche qui ne commence pas par mettre les effets des transgressions des limites sexuelles au centre du traitement. Le traitement devrait suivre des règles de thérapie des traumatismes liées à la mise en place d’une relation thérapeutique opérante, d’abord des transgressions ou des violations des limites sexuelles. Une thérapie consécutive réussie exige une prise de position claire et la reconnaissance de l’abus de la part du thérapeute consécutif (« abstinence non-partisane »).

La majorité de tous les psychothérapeutes interrogé(e)s ont par ailleurs défendu l’opinion que les violations des limites sexuelles par des psychothérapeutes ne sont pas suffisamment abordées, tant publiquement que dans le cadre de formations à la psychothérapie ou de formations continues et postgrade.

La plus grave limitation de cette enquête en ligne, et qui donne à réfléchir, est le taux de retour de 5,6%, qui est faible ; l’échantillon n’est ainsi pas représentatif de tous les psychothérapeutes exerçant en Autriche. Il est possible que la problématique soulevée par le sujet ou des réticences à l’idée d’affronter de graves situations dans son propre environnement professionnel soient des motifs qui ont empêché des personnes à participer à l’enquête. Les résultats de cette enquête en ligne réalisée par des psychothérapeutes autrichiens doit servir à faire rendre obligatoire le traitement des violations des limites sexuelles dans les relations thérapeutiques dans la formation à la psychothérapie. Cette étude fournit des points de repère pour des contenus spécifiques dans des formations de base, des formations continues et des formations postgrade destinées aux psychothérapeutes, dans le cadre desquelles les capacités fondamentales, des connaissances et des procédures à suivre pour le traitement de personnes concernées en thérapies consécutives doivent être transmises. Les résultats nommés et d’autres résultats de cette enquête en ligne peuvent en outre être considérés comme des points de repère pour les études suivantes à réaliser avec des échantillons plus importants et représentatifs, dans lesquelles les défis à relever, les difficultés et les problèmes spécifiques qui apparaissent dans des thérapies consécutives devront être examinés de façon approfondie.

Les auteures

Magdalena Schwabegger, MSc., a étudié la psychologie avec une spécialisation en psychologie clinique à l’université privée Sigmund Freud à Vienne et Berlin. Elle exerce actuellement en tant que psychologue clinique en formation au Klinikum Anton Proksch Institut à Vienne.

Christiane Eichenberg, professeure d’université Dr. phil. habil., Dipl.-Psych., est psychanalyste et directrice de l’institut de psychosomatique à la faculté de médecine de l’université privée Sigmund Freud à Vienne.

Contact

E-Mail : eichenberg@sfu.ac.at